Comprendre son stress pour mieux l’apaiser.
Votre chien semble paniqué bien avant que vous n’entendiez le tonnerre ? Il tremble, se cache, halète, ou se montre inhabituellement collé à vous ?
La peur de l’orage chez le chien est un phénomène courant, mais souvent mal compris. Ce n’est pas une simple frayeur : il s’agit parfois d’un véritable traumatisme émotionnel, inscrit dans son système nerveux.
1. Un sens animal hyper-affûté face aux orages
Les chiens, comme beaucoup d’animaux, sont dotés d’une perception sensorielle bien plus fine que la nôtre. Ils détectent des signaux bien avant que l’orage n’éclate :
- Les changements de pression atmosphérique,
- L’électricité statique dans l’air, désagréable sur les poils,
- Les ultrasons inaudibles pour l’humain,
- Et parfois, des vibrations dans le sol que nous ne ressentons pas.
Tout cela peut créer un climat d’alerte constant pour un animal sensible au bruit ou à l’instabilité énergétique.
2. Un chaos sensoriel mal interprété par le cerveau
Le tonnerre, par sa brutalité et son imprévisibilité, active des mécanismes de survie primaire.
Le cerveau de votre animal peut assimiler ces sons et éclairs à un danger immédiat. Si une situation passée (abandon, blessure, isolement…) a coïncidé avec un orage, cette association traumatique peut persister.
Le système limbique, notamment l’amygdale (centre de la peur), s’emballe. L’animal ne réfléchit plus : il réagit. Il n’est pas capricieux, il est en état d’alerte.
3. Quand la peur devient un traumatisme : comment agit l’EMDR ?
Lorsque votre animal vit une expérience traumatisante (soit en la subissant, soit en y assistant), si cette dernière n’est pas traitée, elle peut rester non digérée, comme figée dans le temps.
Chez tous les mammifères, dont les chiens et les humains, il existe un système naturel de traitement émotionnel appelé TAI (Traitement Adaptatif de l’Information).
Ce système s’active, par exemple, pendant le sommeil avec les mouvements oculaires rapides. C’est lui qui nous permet de “digérer” les expériences vécues, en les reclassant comme de simples souvenirs.
Quand un traumatisme est trop fort, ce système peut se bloquer, et c’est ainsi que des phobies apparaissent.
L’EMDR pour animaux consiste alors à :
- Lui permettre de retraiter émotionnellement ces situations et de désactiver la charge de peur associée.
- Amener l’animal dans un état de calme intérieur et de sécurité,
- L’exposer progressivement aux stimuli déclencheurs dans un cadre sécurisé,
- Activer le TAI par des stimulations bilatérales alternées (SBA),
4. Mais peut-on utiliser l’EMDR pour la peur de l’orage ? Mon retour de terrain
Au cours de ma formation pratique en EMDR pour animaux, j’ai eu à accompagner un cas de chien terrorisé par les orages.
Et voici mon avis professionnel, fondé sur l’expérience directe :
➡️ Non, l’EMDR ne peut pas toujours être utilisée efficacement dans ce cas précis.
Pourquoi ?
Parce qu’il est quasiment impossible de reproduire en séance toutes les modalités sensorielles de l’orage :
- La pression atmosphérique,
- Les microcharges d’électricité dans les poils (j’ai essayé avec un ballon chargé statiquement),
- Le grondement du sol (non reproductible en intérieur),
- Les sons enregistrés ne suffisent pas,
- Les éclairs simulés par lampe torche ou machine de tournage sont souvent inadaptés.
Or, pour permettre un vrai retraitement EMDR, il faut revivre la situation dans toutes ses dimensions sensorielles, sans que l’animal ne sorte de sa fenêtre de tolérance émotionnelle.
Dans le cas de ce chien, ce n’était donc pas faisable en l’état, dans un cadre sécurisé.
5. Que faire alors ? Une intervention immédiate, simple et utile
Dans ce type de phobie, le plus efficace est souvent l’EMD (désensibilisation en situation) :
➡️ Le maître peut pratiquer des stimulations bilatérales rapides pendant l’orage réel, pour aider l’animal à rester dans un état de sécurité intérieure.
Cela n’aboutit pas à un retraitement complet, mais permet :
- D’éviter une réactivation du traumatisme,
- De réduire la panique immédiate,
- De prévenir l’aggravation de la phobie.
Mon rôle de praticienne, dans ce cas, est d’accompagner le maître : lui montrer comment agir en douceur, sans surcharger émotionnellement son animal, et à pratiquer les bons gestes au bon moment, pendant les orages naturels.
Conclusion
La peur de l’orage chez le chien n’est pas une fantaisie, mais une réaction profondément enracinée dans son système émotionnel et sensoriel.
Comprendre ses déclencheurs, c’est déjà lui apporter un mieux-être.
Et même si l’EMDR n’est pas toujours la réponse, il existe des approches respectueuses et efficaces pour aider votre compagnon à retrouver sa sérénité… goutte après goutte, éclair après éclair.